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...Jmulitudes
8 avril 2006

Non envoyé

J'peux pas m'empêcher de t'écrire, je recommence à te parler dans ma tête, en plein cours, en allant prendre le bus, partout ; j'me dis qu'il faut que j'écrive.
Oui, je sais, t'es connecté à MSN, j'pourrais aussi bien te parler, mais... mais je ne sais pas, pas sûr même que j'envoie ce mail, je ne sais pas, j'écris, là, avant tout, j'écris, des tas de choses que tu n'auras pas envie de lire, alors déjà je vais essayer de ne pas faire trop long.
Je ne pense pas que ça serve à grand chose d'envoyer des mails, tu sais, les gens ne savent pas lire, les gens ne savent pas que quand on écrit chaque mot compte, qu'il faut faire attention à chaque mot, et lire entre les lignes, mais se méfier des évidences. Il faut prendre le temps, mais le temps, tu ne l'as pas, je sais, je ne t'en veux pas.

C'est pas vraiment une lettre. C'est surtout des pensées. Des pensées à partager, comme si tu étais le seul à pouvoir comprendre, toujours eu ce sentiment là, je ne sais pas vraiment pourquoi, je me sens lasse, parfois, je crois que j'ai vieilli. C'est bizarre de dire ça, vieilli. Je crois que si je crois que tu peux comprendre, c'est que ma solitude a encore ton visage. Il faut que ce visage s'efface.

Non, ce n'est pas clair, je sais. J'écris.
Il y a une page à tourner. Je ne peux plus faire de musique. Pour la musique, j'ai besoin de toi. Des "jamais je n'arrêterai de t'aider", tu te souviens. Je sais que tu ne peux plus. Je ne peux plus, moi non plus, je ne peux plus recevoir ton aide. Quelque chose se termine. Non ce n'est pas encore terminé, mais ça se termine. Comment dire...
J'aimais ça, la musique. Ah, toujours, hein, bien avant de te connaître. Mais ça ne pouvait pas être une vie, tu comprends, on ne vit pas de quelque chose comme ça, ce n'est pas sérieux, non, il faut faire des études. Jusqu'à ce que tu m'apprennes à poser un mi et un sol, jusqu'à ce qu'intebiew et ouebmaster, jusqu'à ce que plougastel, jusqu'à. Presque rêvé de suivre Sweet Madness partout. Sais pas trop ni comment ni pourquoi. Plus que presque. Rêve encore, d'ailleurs. Pas fini, pas encore, juste en train de se terminer. N'importe quel prétexte aurait été bon. Juste, suivre partout. Il me tenait à coeur, ce site. Tu disais parfois, je t'embaucherai au baba, ou alors, tu feras les choeurs et les claviers dans Sweet Madness. Tout ça.
Il y a une page à tourner, tu comprends.
T'as pas été seulement mon copain. Pas seulement mon prof de guitare, non plus. Pas seulement ces deux choses là, même. Je sais pas trop ce que t'as été. Je veux dire, je sais pas trop quel mot pour le dire. C'est bizarre. Juste, sentiment de besoin de toi, tu te souviens ? Besoin de toi pour cette vie.
Mais t'as pas l'temps, pas l'temps. Pas la volonté non plus, je sais.
C'est comme ça.
Je vais faire l'école du Louvre. Des études. C'est pour ça que j'ai été programmée toute ma vie, tu le sais. Je ne peux pas faire autre chose. C'est vers là qu'on me porte, qu'on me soutient, qu'on m'aide, qu'on me guide. C'est vers là que je suis entourée, que je n'ai plus peur de tomber dans le vide. C'est vers là qu'est ma vie, celle de toujours. Je ne peux pas faire autre chose. Je ne peux pas, parce qu'ailleurs, je suis seule, et on ne vit pas seul. Je dois faire des études. Pas d'autre possibilité. On ne peut pas aller contre ce qu'on doit faire, je crois, on ne peut vraiment pas, parfois, ou pas tout seul. Ce n'est pas ça que j'aurais vraiment voulu, je crois, j'aurais voulu chanter, tu le sais aussi ; mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut. On fait ce qu'on peut. C'est terrible, hein. On ne peut pas échapper à ce qu'on est à l'origine. Ce ne sera pas une souffrance, les études, juste normal. Juste tranquille. Juste ma vie, ma vie comme c'est prévu, ma vie comme elle doit être. On est ce qu'on est, oui. Et comme c'est difficile de s'ouvrir, comme c'est difficile d'explorer ce qu'on ne connaît pas, comme c'est difficile de vraiment choisir. On m'a si souvent dit "non, ça, tu n'aimeras pas", mais je ne connaissais pas, comment savoir. On me dit, je te connais. Mais c'est mal me connaître. Je veux découvrir. Je veux aimer ce que les autres aiment, je veux comprendre pourquoi ils aiment et aimer aussi. Je veux pouvoir tout aimer pour choisir vraiment ce que j'aime dans tout ça, pas simplement aimer ce que j'ai l'habitude d'aimer parce qu'on me l'a appris et que c'est vers ces choses là qu'on me porte. Ne jamais dire "ça, de toute façon, je n'y suis pas sensible". C'est juste que je n'ai pas pris la peine de regarder. Mais comme c'est dur d'être ouvert, comme les gens vous ferment les yeux, comme les gens vous enferment dans leurs premières impressions. Comme les gens jugent vite. Je ne suis personne, je suis juste ce qu'on m'a appris dans ma famille, juste ce que je connais, et je connais peu, je n'ai que 16 ans, je ne suis encore personne moi-même, juste la fille de mes parents. Je veux choisir sans eux qui je suis. Je voudrais. J'aurais voulu. Je crois que ce n'est pas possible. J'irai faire des études. Parce que c'est comme ça. C'est presque une fatalité.
Et ça me rend triste.
Mais un jour, cette tristesse, je la regarderai de loin comme quelque chose de beau. Je passerai sur le pont des arts tous les matins et tous les soirs, pour aller en cours, pour rentrer chez moi. Et je me souviendrai de ces mots que j'avais écrits. De la photographie qui est toujours dans ma poche, et j'attendrai le moment de la laisser partir sur l'eau. J'aurai envie, parfois, de retourner à Quimper, Quimper mon enfance, Quimper la mort de mon enfance, Quimper Sam et Quimper Toi, Quimper la solitude en attendant l'été et les cousins, Quimper les vrais amis quand les cousins sont morts, Quimper et le bonheur, Quimper la mort des amis, Quimper la mort des souvenirs heureux, Quimper la mort du bonheur de l'enfance. J'aurai envie de rentrer me balader sous la pluie dans les rues du centre-ville, dans mon quartier, et puis partout. D'Ergué Armel à Kerlagatu en passant par la Tourelle et la rue des Douves. J'aurai envie de revoir les visages et les souvenirs, juste un instant. Tous les trésors de ma vie, la boîte à souvenirs. Mais tout est mort à Quimper, maintenant, il y a des cadavres à chaque coin de rue, et trop de larmes, pour trop de raisons différentes. Il est temps de partir. Juste prendre le temps de dire au revoir. Et alors, les cadavres, avec le temps et la distance, ils iront s'accrocher dans mon ciel, là-haut, et ils brilleront très forts ; ils deviendront mes étoiles. Des étoiles, encore des étoiles... Des étoiles à regarder de temps à autre, à interroger pour trouver le chemin. Avancer. Toujours. Tout droit. Et un jour, je rencontrerai quelqu'un. Un jour...
Construire une vie. Une vie avec des étoiles au dessus. Mais une vie, une vraie. Peut-être. Ou alors juste des étoiles. On verra bien...
Il y a une page à tourner.

J'ai fait long. Long et pas très clair. Long et pas très sûre. Long et, rien à ajouter je crois.
J'ai dit que je savais maintenant que je ne sacrifierai jamais personne. Maintenant j'ai envie de dire, l'amour, ça n'a pas d'importance. Parce que l'importance qu'il avait, je dois lui dire au revoir. Alors ça n'a plus d'importance. L'amour ne m'intéresse pas. Ah, c'est défensif, je ne me le cache pas. Justement, l'amour, c'est tout ce qui est important. C'est justement pour ça qu'il vaut mieux ne pas lui accorder trop d'importance.
Tu vas me manquer. Alexis, ça me ferait chier de le perdre. Toi, ça me tue. C'est différent.
Je sais que toi ça ne te tue pas de me perdre. Il reste une trace quelque part. Je vis derrière cette ombre qui me suit...
Merci.
Je ne saurai pas dire tout ce que tu es, tout ce que tu as été et tout ce que tu seras.
Je sais que tu n'y croirais pas, de toute façon, que tu ne pourrais pas y croire, peut-être parce que ça te ferait peur ou simplement que tu ne penses pas que ce soit possible.
Et pourtant...
Non je ne délire pas. Ah, si, je délire, si, justement, mais c'est le faux qui dit le vrai, n'est-ce pas.
C'était un peu ça.
Un de ces mails jamais envoyés...

Tu sais quoi, je ne suis pas bourrée, non, et pourtant, je suis... ivre. Ivre ! Comme le bateau du poète voyageur, tu sais, l'homme aux semelles de vent, celui qui a vu quelques fois ce que l'homme a cru voir.
"Je est un autre", qu'il disait, le poète. Et il avait raison. Je ne sais pas qui je suis. Qui je dois devenir...
...
Je danse. C'est beaucoup dire. Je ne bouge pas. Et pourtant, je danse. Et je vois les étoiles qui tournent tout autour, des étoiles qui savent rire. Mes étoiles. Celles qui scintillent au creux de ma mélancolie solitaire, celles que j'oublie peu à peu depuis Sam...
Il y a quelque chose que je n'ai pas bien compris. Elles avaient disparu, disparu avec la solitude.
Et puis, le temps de fermer les yeux, le temps de les rouvrir, elles étaient là. Je ne savais même pas qu'elles m'avaient tant manqué.
Et les voilà qui me tendent la main, mes étoiles ; les voilà qui m'entraînent dans leur ronde, leur danse de folie... et je suis ivre. Ivre de délire, de musique et de mots...
Musique. Pas n'importe laquelle. Elle a même un prénom. Ces gens, ceux qui me tiennent chaud rien qu'à voir leur visage en pensée, sont des musiques à eux tout seuls.
Ivresse...
Et puis, des mots. Des mots qui surgissent simplement d'eux mêmes, contre toute volonté. Qui s'envolent avec la musique.
Ce ne sont que des mots. Lettres qui s'entremêlent, lettres sans avenir. Je sais qu'il n'y a rien à vivre, et pourtant, ils s'envolent.
Je ne peux pas les retenir, et j'ai le sentiment que ce n'est pas vraiment moi qui parle. Peut-être est-ce la parole de ce je qui est un autre...
Comme ils m'écorchent les lèvres, ces mots ! A se déverser en cascade, en torrents rugissants de musique endiablée, ils m'arrachent tout ce qui me reste de raison. Je ne suis que folie, délire incontrôlable au milieu des étoiles.
Je sais que je ne devrais pas dire ces mots.
Mais ce n'est pas moi, je ne les dis pas, ils sont là, simplement, d'eux mêmes, hurlant d'une sincérité inacceptable.
Je t'aime.


C'est joli, non ? J'aime bien la fin.
Eh, ce n'est pas réel, ce n'est qu'une étoile, pas peur.
J'aurais voulu faire partie de ta vie.
C'est ça.
Faire partie de ta vie.
"Je ne sais pas qui je suis, qui je dois devenir..."
Je sais très bien comme je l'entrevoyais, ma vie, là, comme je la voulais.
Je voulais faire partie de ta vie, d'une manière ou d'une autre.
C'est ça, aimer, non ?
J'aurais voulu faire partie de ta vie.
Je crois que ce ne sera jamais possible.
C'est ainsi, je ne peux pas t'en vouloir.
Mais alors, il y a une page à tourner.
Doucement...
Et à l'aboutissement, pas de demi-mesure.

Dur à accepeter. Aimerais savoir comment tu vis les choses. Mais tu ne dis rien. Pourtant l'impression de te connaitre mieux que jamais, et bizarrement, à la fois, plus que jamais l'impression de me heurter à un mur, et que je ne te connaitrai jamais. Je te sens fragile, sur scène, maintenant, tu sais, si fragile, il suffirait d'un geste pour que tu t'écroules. Je comprends, maintenant, quand tu parlais de timidité. J'entrevois. Sur scène.
Et c'est d'autant plus beau. D'autant plus beau que je crois savoir être la seule (une des rares ? j'ai envie de croire la seule) à pouvoir voir ça. C'est comme mon secret.
Je ne t'oublierai jamais. Jamais, tu entends. Tu brilleras toujours quelque part, là-haut. Aux côtés de Sam. Oui, Sam, oui, je ne peux pas nier. Tellement différents, tellement rien à voir, mais chacun son importance, la bonne comme la mauvaise.
Mais un jour, justement, ton importance ne dépassera plus celle de Sam. Tu seras une de mes étoiles...
Argh.
Tellement plus belles que toutes...
Comme chacune.
"Comme chacune"...
Ah, j'ai mal. Je ne voulais pas ça. Je ne voulais pas une étoile parmi les autres. Je voulais ma vie...
Ce sera une étoile.

Je t'aime, et n'ais pas peur, ça ne veut rien dire de plus que tout ce que je viens d'écrire.
Je ne te dis pas sois heureux, parce que maintenant, soyons honnête, ça va m'être égal, je ne saurai pas, je vais sortir de ta vie, de ta vie réelle je veux dire.
Je ne garderai que l'étoile, et une étoile ce n'est ni heureux ni malheureux.
Tu vas me manquer.
Une dernière fois, je t'aime.

Et comme dit Sheller...
J'donnerai tout c'que j'ai pu voir sur Terre pour que tu m'oublies pas

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Commentaires
...Jmulitudes
  • "L'écriture, ça devrait être un face à face avec soi-même [...], pas une espèce de tentative ratée de créer un reflet de soi par les mots." Alors vouala : Jmulitudes, ou états d'âme de la p'tite Jmule, écrits par la p'tite Jmule pour la p'tite Jmule.
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