Et voilà, ça fait trois heures que j'me balade de blog en blog, que je lis des tas de trucs qui m'intéressent pas, que je perds mon temps, tout bêtement. J'ai envie de publier une photo. Pas n'importe laquelle. Celle qui est pliée en quatre, coincée entre ma carte de self et ma carte de lycéenne. Photo, ça me fait penser que j'en ai quelques unes à publier sur un certain site internet... mais voilà, le problème, c'est que, je me dis que si je me lance là dedans, ça va me prendre encore des heures, et dans tout ça, mes révisions ? Hop ! à la trappe. Du coup, je reporte à plus tard, comme tout d'ailleurs ; je me dis, "sinon, je ne vais pas réviser", mais, le hic, c'est que... de toute façon, je ne révise pas. Du coup, je fous rien de ma journée. La fête, hein ? Qu'est-ce que t'en penses ? Ouai, t'as raison, c'est con. J'admets.
Tu sais quoi ? J'ai faim. Je continuerai après, si t'es toujours là. Si, si, reste, s'teuplé, j'ai encore des choses à te dire. Oui, oui, j'essayerai de pas trop raconter ma vie. Et que ça te concerne un peu plus, ce que je dis. Aller, à tout à l'heure. Je compte sur toi.
Me revoilà. J'ai mis du temps ? Oui, c'est vrai, plus que prévu. Mais je n'étais pas prête à revenir tout de suite, je crois, il fallait le temps que tout ce que j'ai à te dire mûrisse un peu. Peut-être aussi fallait-il que j'attende le soir, l'heure du coup d'cafard. Parce que c'est de ce cafard-là que je veux te parler. Ça te casse les pieds, de m'écouter parler de mon cafard ? Oui, je m'en doute, ça doit pas être très amusant, mais bon, tant pis, il faut que je parle. Et puis de toute façon, ce n'est pas vraiment toi, c'est juste un interlocuteur imaginaire qui a ton visage dans ma tête. Quant à Toi, le vrai, je ne sais pas trop si tu liras ça un jour, je ne sais même pas encore si je vais le publier ou non, ça dépendra sans doute de ce que ça donnera une fois terminé, et puis de l'humeur du moment. Mais je te préviens, le cafard ça incite à faire des tas de trucs qu'on ferait pas si on y réfléchissait bien. On pense plus aux conséquences, quand on a le cafard. Alors, je pense que je vais le publier. Il sera donc là, à ta portée, mais de toute façon, je ne pense pas que tu le liras. Trop fatigué, ces temps-ci, ton propore cafard à gérer, pas envie de me lire. Gros article. Dissuasif. Et puis je me dépêcherai de le faire disparaître très loin derrière quantité d'autres nouveaux posts. Et puis tout ça sombrera dans l'oubli, loin, très loin, il ne restera que pour moi, quelque part, dans un coin, il n'y aura que moi pour venir le relire, y repenser. D'ailleurs, je pense même que personne ne le lira en entier. Et quand bien même tu le lirais, toi, qu'est-ce que ça change ? Est-ce que j'ai encore quelque chose à perdre ? Je ne crois pas. Qu'y a-t-il à perdre à sortir simplement ce qu'on a en soi, rien que comme c'est, simplement avec sincérité ? Tout, peut-être. Être sincère c'est aussi montrer ses mauvais côtés. Et pour ceux-là, souvent, on vous rejette. Qui est capable d'aimer quelqu'un pour ce qu'il est, pour tout ce qu'il est, sans vouloir le changer ? Je ne sais pas. J'ai envie de dire : moi. Prétencieux ? Sans doute. C'est peut-être un de mes mauvais côtés. Mais je ne vois pas à quoi me servirait de le nier ou de tenter de le dissimuler...
Alors, ce soir, je t'écris. Parce que j'ai envie, simplement, parce que j'en ai besoin, aussi, sans doute. Parce que ça me manque, parce que tu me manques, à cause de tout ce qui s'écroule tout autour. Ça fait longtemps que je ne t'ai pas écrit, hein ? Longtemps aussi que je ne t'ai plus parlé dans ma tête, longtemps que je ne jette plus ce bref regard sur le pont avant de sortir de la salle d'espagnol, ce simple regard qui suffisait à me faire sourire. C'est bizarre, la vie, hein, c'est bizarre comme tout change. C'est bizarre comme ce qui vous tient chaud d'habitude peut subitement vous donner froid. Même mes guitares, je ne sais plus. Je pensais qu'elles seraient mes compagnes de toujours, mais maintenant, je suis ambivalente. Avant, les serrer contre moi, c'était voir ton visage, entendre quelques mots, pas toujours des mots vrais, c'était un peu imaginaire, tout cela, mais ça me tenait chaud. C'était comme mes étoiles, tu te souviens ? Le nez dans les étoiles. Aujourd'hui, on veut me prendre la Takamine. La toute première guitare sur laquelle j'ai posé mes doigts, avant même de savoir jouer. Un la mineur. Et puis j'ai acheté l'autre, la XP, la guitare en plastique, parce que la vieille Takamine, je ne sais pas, elle me donnait du mal. Mais j'y suis revenue, à la Takamine. Je t'ai joué Hallelujah dessus, tu te souviens. Oui je pense que tu te souviens. Mais je ne pense pas que tu y penses parfois. Je pense que tu n'as pas envie, que ça ne te vient pas, tout simplement. Que c'est du passé, tout ça, et puis c'est tout. C'est comme ça. Je pense pas que ça te fasse mal. Je pense pas que tu rejette spécialement cette pensée. C'est juste qu'elle ne vient pas, tu as d'autres choses à penser. Et c'est normal. Mais moi, j'en suis encore là. Et j'y pense encore. Parfois. Peut-être un peu trop souvent. Plus autant qu'avant, et ça ne m'angoisse plus autant. Mais j'y pense encore. Parfois. La Takamine... Je pense que je vais essayer de la racheter. Mais quand bien même, si je ne pouvais pas, tu sais, au final, ça ne ferait qu'une séparation de plus. J'ai l'impression que tout s'en va. Que je perds tout. Ou alors, c'est moi qui m'en vais, dans un an, je quitte Quimper, je quitte toute ma vie d'ici, c'est à dire toute ma vie. J'ai perdu Sam, le premier amour. J'ai perdu les amis que j'aimais. J'ai perdu le Prof, que j'aimais aussi. J'ai perdu le deuxième amour. J'ai gardé des connaissances, j'en ai connu des nouvelles, j'ai cru que j'en aimerais d'autres... mais je ne peux pas m'y attacher. Ce n'est pas que je ne veux m'attacher à personne, c'est ça qu'ils n'ont pas compris, au contraire : je veux m'attacher à des gens, moua, et m'y attacher très fort. Seulement, il faut que je les trouve, ces gens. Ce serait vraiment s'attacher très très fort, comme ils n'ont pas idée. C'est pour ça que c'est difficile à trouver. Parce que ça veut dire que ces gens-là s'attachent aussi à moi. Très très fort. Sinon je ne peux pas. Et puis s'attacher, ce n'est pas seulement ça, parce que je peux dire qu'Alexis était attaché à moi, je crois, alors, j'aurais pu m'attacher à lui. Mais il faut aussi que ces gens m'aiment. Pas qu'ils m'idéalisent, pas qu'ils risquent d'être déçus. Pas qu'ils aient de leçons à me donner, pas qu'ils me jugent, pas qu'ils me donnent des conseils quand je n'en demande à personne. Pas qu'ils prétendent savoir ce qui est bien pour moi ou pas. Juste qu'ils me comprennent, c'est à dire, qu'ils me prennent comme je suis, avec le bon et le mauvais, et qu'ils m'aiment comme ça. Tu vas me dire que je rêve. Peut-être. Je ne crois pas, tu sais. Je crois vraiment que ça existe. C'est en dehors de toute raison. On aime et puis c'est tout, et ça ne prend pas en compte les qualités ou les défauts de la personne. Tu le dis toi même, gentil ou pas, ça ne change rien. Moi, je veux qu'on me connaisse, qu'on sache tout de moi, et qu'on m'aime quand même. Et que je n'ai pas besoin pour ça d'être quelqu'un d'extraordinaire, de décrocher la lune ou quoi que ce soit. Qu'on m'aime sans conditions. Tu comprends ?... Quand je te parlais dans ma tête, tu me comprenais toujours. Je ne sais pas si en vrai tu comprendrais. Je ne sais pas.
Je me sens seule, tu sais. Non, je ne me sens pas seule, je suis seule. Certains me diraient que j'exagère, que j'ai quand même des amis autour de moi, je connais des tas de gens, des tas de gens qui m'aiment bien et que j'aime bien, même. C'est vrai. Mais ce ne sont pas des amis, ça... Ce sont des gens autour, des sortes de fantômes, pour essayer de tromper le vide et croire qu'on est pas si seul, mais c'est se mentir. On les aime bien, mais on pourrait vivre sans eux. On s'en rendrait à peine compte si petit à petit ils n'étaient plus là. Et ça ne ferait même pas mal. On ne se rendrait compte que s'il n'y avait plus personne. Parfois, on croit qu'on a trouvé des amis, et on s'attache aux gens, on croit qu'eux aussi. On croit qu'on a trouvé. Mais on finit par se rendre compte qu'en fait, non. Eux, ils ne sont pas attachés à vous comme vous l'êtes. Et du coup, vous non plus, finalement, vous ne pouvez pas être attaché à eux. Et ces gens-là sont tous aussi seuls que vous, tout autour, et au bout du compte, on se retrouve tous là, tout seuls, tous ensemble. C'est comme à la fête du lycée, l'autre jour. Pendant votre concert, Esther m'a dit que c'était drôle, que j'étais là, devant la scène, toute petite, les yeux rivés sur toi, comme devant une idole. Je lui ai dit que bon, écoute, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on est. Elle m'a dit qu'elle trouvait ça mignon. Moi je ne trouve pas ça mignon du tout, je trouve ça pathétique, je n'aime pas ça du tout. Mais peu importe Esther. Je me souviens d'un instant, je ne sais plus sur quel morceau, je ne crois pas que c'était "Seul" même si ce serait le plus logique, je crois que c'était les certitudes, ou alors, faux espoirs, je ne sais plus, un de ces deux-là parce que ce sont ceux qui m'ont fait le plus mal au coeur. Mais donc, sur un de ces morceaux, un instant, en te voyant hurler comme tu faisais, d'un coup, j'ai vu combien tu étais seul. Combien tu étais seul, toi, là, sur scène, entouré de tous, et puis j'ai ressenti toute l'horreur de ma propre solitude aussi, et tout à coup, j'ai vu tous ces gens autour, des gens très précis, les uns après les autres, j'ai vu combien ils étaient seuls. Et on était tous là, tout seuls, tous ensemble. Et je les ai aimés, ces gens, l'espace d'un instant, tu sais. Pourtant il y en a même parmi eux que j'ai déjà haï. A cet instant là, je ressentais pour eux une profonde tendresse. Toi, Eux, Moi. Tout seuls. Tous ensemble. Et je me suis sentie proche d'eux... Plus si seule peut-être l'espace d'un instant. Mais non. Parce que je crois que je suis la seule a avoir ressenti la solitude dans chacun. Les autres n'ont vu que la leur. Je crois. Je veux dire, vraiment vue, vraiment ressentie.
Seule. Seule au milieu de vous tous, comme vous êtes seuls aussi, sauf peut-être certains, ou alors ils ne se rendent pas compte. Seule face à vous, face à tous les gens en qui j'ai mis un jour l'espoir de ne plus être seule, tous ceux sur qui un jour j'ai pu compter, ceux qui ont peut-être un jour su me comprendre et que j'ai su comprendre aussi, ceux qui m'ont aimée, ceux que j'ai aimée et que parfois j'aime encore même si je crois savoir qu'eux ne m'aimeront plus jamais, ceux qui, un jour ou l'autre, dans le passé, m'ont fait oublier un peu la solitude, m'ont donné le sentiment que je n'étais plus seule. Ils étaient tous là, ces gens. Tu connais leurs noms, je crois. Et le dernier, c'est toi. Non, pas le dernier. Le dernier des plus importants, disons. Parce que ceux qui sont venus après, ça n'a pas duré longtemps, vraiment pas, je n'ai pas eu le temps de vraiment les aimer, de vraiment en faire des points de repère. Seule. Face à vous. Vous, tous ceux que j'ai aimés. Et puis, surtout, seule face à toi. Face aux souvenirs et aux douleurs les plus proches.
[Inachevé...]